En 2022, l'éolien a été dépassé par le gaz comme 3e source d'électricité en France. Ici, la première éolienne offshore du parc de Saint-Nazaire. (©Parc éolien en mer de Saint-Nazaire–Production CAPA Corporate)
Le gestionnaire de réseau RTE a présenté ce 16 février ses chiffres clés portant sur l’électricité en France métropolitaine en 2022(1). Que faut-il en retenir ?
Consommation d’électricité « à température normale » : une chute de 1,7% en 2022
En 2022, la consommation brute d’électricité en France métropolitaine a atteint 452,8 TWh, soit près de 4 % de moins qu'en 2021. RTE communique plus volontiers sur la consommation nationale « à température normale » (c'est-à-dire corrigée des aléas climatiques et des effets calendaires) : celle-ci s'est élevée en 2022 à 459,3 TWh, soit une baisse de 1,7% par rapport à 2021(2).
Ce niveau de consommation est inférieur à celui de 2020 (- 0,4%) , une « année pourtant largement marquée par les confinements et le recul de l’activité économique du fait de la crise sanitaire », et est 4,2% plus faible que le niveau moyen de consommation annuelle entre 2014 et 2019.
Durant les derniers mois de l'année 2022 (octobre à décembre), la consommation d'électricité a même chuté de près de 9% par rapport au niveau moyen à la même période entre 2014 et 2019. Cette chute a « d’abord été observée dans l’industrie, plus exposée aux variations des prix en l’absence de protection tarifaire » mais a touché tous les secteurs(3), souligne RTE.
Production d’électricité : le plus bas niveau depuis 1992
La production d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 445 TWh en 2022, soit son plus bas niveau depuis 1992 (« alors que le parc nucléaire historique n'était pas encore totalement en service ») et un effondrement de 15% par rapport à 2021.
Cette chute majeure de production en 2022 est directement liée à celle des deux principales sources d'électricité en France :
- la production du parc nucléaire a reculé de 82 TWh du fait d'une moindre disponibilité de ses réacteurs (disponibilité de 54% en moyenne en 2022, contre 73% en moyenne entre 2015 et 2019), elle même liée aux arrêts pour maintenances(4) et en raison du phénomène de corrosion sous contrainte au sein de plusieurs réacteurs(5). Le niveau de production du parc nucléaire « affiche un recul de 30% par rapport à celui des vingt dernières années », précise RTE ;
- la production hydraulique a baissé de 12 TWh et atteint son plus bas niveau depuis 1976, dans le contexte de sécheresse en France (avec des précipitations inférieures de 25% aux normales).
Ces chutes de production n'ont été que très « partiellement compensées par l’augmentation de la production à partir du gaz (+ 11 TWh) et par la croissance de la production solaire (+ 4 TWh) ».
Malgré ces évolutions, la production électrique en France métropolitaine a encore reposé en 2022 à près de 62,7% sur le nucléaire (contre 69% en 2021) et à 11,1% sur l'hydroélectricité. Le gaz (9,9% du mix électrique en 2022) a par ailleurs dépassé l'éolien (8,5%) comme 3e source d'électricité en France.
RTE note par ailleurs qu'un « volume record d’installations renouvelables a été mis en service (5 GW) » (avec notamment une hausse de 2,6 GW des capacités solaires photovoltaïques et la mise en service du premier parc éolien offshore posé au large de Saint-Nazaire) mais qu'une « accélération demeure toujours indispensable pour atteindre les objectifs publics de la décennie 2020-2030 ».
Précisons que les émissions françaises de gaz à effet de serre liées à la production d'électricité ont augmenté, avoisinant 25 Mt équivalent CO2 en 2022 (contre 21,5 Mt éq.CO2 en 2021) en raison du recours plus fréquent aux centrales à gaz. La France est le 3e pays en Europe disposant du mix électrique le plus décarboné (après la Suède et la Finlande), avec notamment des émissions moyennes par kWh de l'ordre de 7 fois inférieures à celles de l'Allemagne(6).
La France importatrice nette d'électricité en 2022
En 2022, la France a importé plus d'électricité qu'elle en a exporté pour la première fois depuis 1980, « avec un solde importateur net de 16,5 TWh, ce qui représente un peu moins de 4 % de la consommation nationale d’électricité ». Le solde des échanges « s’est creusé en particulier pendant l’été, période durant laquelle la France est habituellement fortement exportatrice : les mois de juillet, août et septembre ont représenté à eux seuls 60% du solde négatif », en raison de la moindre disponibilité des parcs nucléaire et hydraulique.
RTE dresse par ailleurs un constat qui n'aura échappé à personne en 2022 : « les prix de l’électricité en France ont fortement augmenté, à la fois en ce qui concerne les prix pour livraison à très court terme (spot) que les prix pour des échéances de livraison plus éloignées (prix à terme) ». Les prix spot ont notamment atteint en moyenne 276 €/MWh en 2022, contre 109 €/MWh en 2021 (avec un niveau record de 612 €/MWh en moyenne durant la semaine du 22 août 2022).
La facture énergétique de la France s'est considérablement alourdie en 2022, atteignant 115 milliards d'euros (soit environ 70 milliards d'euros de plus qu'en 2021) mais les importations d'électricité n'ont pesé « que » pour près de 7 milliards d'euros sur cette facture en 2022 (alors que le solde exportateur net d'électricité de la France lui rapportait en moyenne 2 milliards d'euros par an sur la période 2014-2019).