RTE rappelle que, durant l'hiver à venir, « la très grande majorité des situations à risque se situeraient le matin entre 8h et 13h et le soir entre 18h et 20h ».(©Pixabay-Sly)
Les gestionnaires de réseaux d’électricité RTE et de gaz GRTgaz (avec Teréga) ont présenté le 14 septembre leurs prévisions respectives sur les risques susceptibles d’affecter l’approvisionnement énergétique durant l’hiver 2022-2023. Que faut-il en retenir ?
Électricité : un risque « maîtrisable » grâce aux mesures de sobriété
Sans surprise, le risque de tension sur le système électrique sera « accru » dans les prochains mois, indique RTE. Dans son étude prévisionnelle portant sur l’hiver 2022-2023(1), RTE précise que « la période de vigilance commence exceptionnellement dès l’automne et s’étend désormais sur plusieurs mois ». Parmi les facteurs menaçant l’approvisionnement durant l’hiver à venir figure bien sûr la crise gazière, à laquelle s’est ajoutée « une seconde crise, portant sur la production nucléaire » avec l’indisponibilité d’une partie du parc en raison de l’identification de défauts de corrosion.
Sur ce second point, le gestionnaire de réseau se montre toutefois rassurant : « l’incertitude s’est réduite ces derniers mois, dans un sens favorable […] et porte désormais sur le rythme effectif de remise en service des réacteurs » arrêtés. RTE distingue différents scénarios : celui dit « intermédiaire » table en particulier sur une disponibilité de 45 GW de capacités nucléaires en janvier 2023 (sur un total de près de 61 GW) avec une consommation d’électricité stable ; dans ce cas, « les risques se manifestent essentiellement en cas d’hiver froid, et plus spécifiquement dans les situations combinant vague de froid et absence de vent ».
Dans « tous les cas de figure », le niveau de consommation électrique sera « un paramètre dimensionnant », indique le Bilan prévisionnel de RTE qui souligne que des mesures de sobriété choisies (ou contraintes en raison des prix de l’électricité) rendraient le risque portant sur la sécurité d’approvisionnement « beaucoup plus faible » cet hiver. Le gestionnaire de réseau pourra en outre, lorsque le système électrique sera « très tendu », mobiliser les consommateurs avec des signaux dits « Ecowatt rouge » (qui consistent concrètement à « appeler les particuliers, entreprises et collectivités à réduire volontairement leur consommation lors des pointes par un message simple »).
En cas de « conditions météorologiques extrêmes, l’effort collectif nécessaire pour éviter le recours au délestage […] pourrait aller jusqu’à 15% » (« 1 à 5% de la consommation dans la majorité des cas »), précise RTE. Autrement dit, « nous pouvons écarter une large partie des risques si nous sommes très volontaristes sur la sobriété, ainsi que sur la mobilisation autour du signal EcoWatt rouge lors des pics de consommation, de telle sorte que nous pourrions traverser un hiver, même froid, sans difficulté », assure le président du Directoire de RTE Xavier Piechaczyk.
Et à ceux qui brandissent le risque d’un « black-out », RTE rappelle « disposer des moyens de sauvegarde du système électrique appropriés et proportionnés en fonction de l’ampleur d’un éventuel déséquilibre », avec des leviers d’ordre technique (interruptibilité des consommateurs d’énergie, baisse de tension de 5% sur les réseaux de distribution) et « en ultime recours, des coupures organisées, temporaires et tournantes (délestage) ».
Gaz naturel : une gestion « prudente des stocks » nécessaire et une sobriété « indispensable »
Côté gaz, les gestionnaires de réseaux soulignent que les stockages ont été « correctement remplis » depuis le début du printemps 2022 dans le contexte de la guerre en Ukraine : « leur taux de remplissage est d’ores et déjà de 94% (au 12 septembre, contre 84% en moyenne en Europe) et sera proche de 100% à l’entrée de l’hiver », assure GRTgaz.
Dans son scénario de référence, le leader européen du transport de gaz envisage, « avec un hiver moyen sans pointe de froid marquée, un système équilibré, sans déficit de gaz (entrées et sorties égales à 393 TWh) », mais avec toutefois « peu de marge de manœuvre, notamment les jours de consommations les plus élevées ».
Dans l’hypothèse d’un hiver très froid, « le déficit hivernal peut atteindre 16 TWh, ce qui représente 5% de la consommation hivernale », rappelle GRTgaz. Le gestionnaire de réseau juge ce niveau de déficit « résorbable par l'atteinte des objectifs de sobriété affichés par les pouvoirs publics ». Pour impliquer les consommateurs, le gestionnaire de réseau annonce qu’il déploiera ainsi en octobre avec l’Ademe et Teréga « un dispositif d’information et de sensibilisation de type Ecowatt appliqué au gaz permettant aux citoyens, aux collectivités et aux entreprises de connaitre le niveau de tension du système gazier et de contribuer à son équilibre par la mise en œuvre d’écogestes ».