En 2018, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont connu leur plus forte hausse annuelle depuis 2013. (©Pixabay)
La consommation mondiale d’énergie primaire a augmenté de 2,3% en 2018 selon les dernières données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publiées le 26 mars. Cette hausse a encore été principalement satisfaite par des énergies fossiles et les émissions associées de CO2 ont atteint un nouveau niveau record l’an dernier.
14 301 Mtep : la consommation mondiale d’énergie primaire en 2018
En 2018, la consommation mondiale d’énergie primaire a atteint 14 301 Mtep selon le rapport annuel « Global Energy and CO2 Status »(1) de l’AIE. Elle a augmenté à un rythme deux fois plus rapide que sa croissance annuelle moyenne depuis 2010 et toutes les énergies (fossiles, renouvelables, nucléaire) ont été davantage consommées dans le monde l'an dernier.
L’AIE impute principalement cette hausse de la demande énergétique à la croissance économique mondiale « solide » en 2018 (3,7% contre 3,5% par an en moyenne depuis 2010)(2) et, dans une moindre mesure, aux conditions météorologiques (besoins de chauffage et de refroidissement en hausse dans certaines régions du monde).
Au total, la Chine, les États-Unis et l’Inde ont compté pour presque 70% de la hausse de la demande mondiale d’énergie en 2018. Précisons que la consommation d’énergie européenne a pour sa part augmenté de seulement 0,2% en 2018 (avec une croissance économique de 1,8%).
En 2018, la consommation mondiale d’énergie primaire a connu sa plus forte hausse des dernières années, les gains en efficacité énergétique ayant été « médiocres » selon l'AIE. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
80% : la part des énergies fossiles dans la consommation mondiale d’énergie primaire en 2018
En 2018, la consommation mondiale d’énergie primaire a encore reposé à 80% sur les énergies fossiles selon l’AIE. Le monde a consommé l’an dernier 4,6% de gaz en plus, 1,3% de pétrole en plus et 0,7% de charbon en plus qu’en 2017. Près de 45% de la hausse de consommation mondiale d’énergie de 2018 a été satisfaite par le seul gaz naturel, le directeur exécutif de l'AIE Fatih Birol qualifiant l'an dernier de nouvelle « année dorée » pour ce combustible. L’AIE souligne que la consommation américaine de gaz a en particulier augmenté de 10% l’an dernier (cette hausse équivaut à la consommation annuelle de gaz du Royaume-Uni).
Les énergies renouvelables ont pour leur part vu leur consommation croître de plus de 4% et ont globalement permis de satisfaire environ un quart de la hausse de la demande mondiale d’énergie en 2018. Précisons enfin que la consommation d’électricité d’origine nucléaire a augmenté de 3,3% en 2018 avec la mise en service de nouveaux réacteurs en Chine et le redémarrage de plusieurs tranches au Japon.
Le mouvement d'électrification se confirme au niveau mondial : la consommation d’électricité, qui compte pour près d’un cinquième de la consommation finale d’énergie dans le monde, a augmenté de 4% en 2018, soit presque deux fois plus vite que la demande globale d’énergie. Les nouveaux besoins en électricité ont été principalement satisfaits par les énergies renouvelables(3) et nucléaire selon l’AIE mais le charbon est toujours de loin la principale source d’électricité au niveau mondial (38% du mix de production électrique en 2018).
En 2018, le charbon était la 2e source d’énergie consommée dans le monde après le pétrole et la première source d’électricité loin devant le gaz naturel. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
+ 1,7% : la hausse des émissions de CO2 liées à l’énergie en 2018
En 2018, les émissions de CO2 liées à l’énergie ont atteint 33,1 milliards de tonnes (Gt) selon l’AIE, soit une hausse de 1,7% par rapport à 2017. Il s’agit de la plus importante hausse annuelle depuis 2013, les 565 millions de tonnes (Mt) supplémentaires de CO2 émises l’an dernier équivalant approximativement aux émissions annuelles de CO2 de l’aviation internationale.
Pour rappel, les émissions mondiales avaient stagné entre 2014 et 2016 grâce à « des progrès importants en matière d'efficacité énergétique et de déploiement de technologies bas carbone ». L’AIE constate que « la dynamique a changé en 2017 et 2018 […] les solutions bas carbone n'ayant pas évolué assez rapidement pour répondre à la demande croissante d’énergie ».
Les centrales à charbon productrices d’électricité seraient à elles seules responsables d’environ 30% des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie (10,1 Gt CO2 en 2018). En Asie, où le charbon suscite un fort intérêt, les centrales utilisant ce combustible sont exploitées depuis seulement 12 ans en moyenne, souligne l’AIE, « soit des décennies de moins que leur durée de vie économique moyenne d'environ 40 ans ».
Selon l’AIE, les énergies renouvelables et nucléaire ont uniquement permis de limiter la forte croissance des émissions de CO2 en 2018 (la hausse annuelle des émissions étant 25% moins forte que celle de la consommation mondiale d’énergie) mais sont loin d’inverser la tendance. L’Agence souligne par ailleurs l’impact positif de la transition du charbon vers le gaz (notamment en Chine) qui permet de « réduire l’intensité carbone de la consommation mondiale d’énergie ».
En Europe, les émissions de CO2 auraient baissé de 1,3% en 2018 selon l’AIE qui souligne notamment des baisses au Royaume-Uni (où les émissions ont atteint un niveau historiquement bas depuis 1888) et en France (où la production électrique d’origine nucléaire et hydroélectrique a augmenté au détriment du charbon et du gaz).
Face au constat global d'un monde énergétique toujours plus éloigné des ambitions de la COP21, Fatih Birol réaffirme « une nouvelle fois qu'une action plus urgente est nécessaire sur tous les fronts - développement des solutions d'énergie propre, baisse des émissions, encouragement des investissements et de l'innovation, notamment dans la capture et le stockage du carbone ». Des mots qui résonnent avec « l’avertissement » qu'avait déjà lancé - sans succès - l’AIE dans son rapport de l’an dernier.
En 2018, la Chine, l’Inde et les États-Unis ont compté pour 85% de la hausse des émissions de CO2 liées à l’énergie. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)