Éolienne du parc de Fenton aux États-Unis (©EDF-Philippe Dollo)
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié aujourd’hui son « Medium-Term Market Report 2016 » portant sur les perspectives des énergies renouvelables d’ici à 2021. Elle y revoit notamment à la hausse ses projections de développement de la production d’électricité « renouvelable ».
Production d’électricité : 2015, année record pour les renouvelables
C’est dans le secteur de la production électrique que la progression des énergies renouvelables (EnR) est de loin la plus significative. Les nouvelles capacités renouvelables installées en 2015 ont atteint un niveau record de 153 GW (dont 63 GW d’éolien terrestre et 49 GW de solaire photovoltaïque). Il a été rappelé à plusieurs reprises qu’elles ont constitué plus de la moitié de l’ensemble des nouvelles capacités électriques installées dans le monde durant « l’année de la COP21 ».
Le parc électrique « renouvelable » dispose au niveau mondial d’une puissance installée d’environ 1 985 GW à fin 2015, soit davantage que la puissance cumulée de l’ensemble des centrales à charbon dans le monde (1 951 GW). Les différentes énergies renouvelables n’ont toutefois compté que pour 23% de la production mondiale d’électricité en 2015(1) en raison d’un facteur de charge limité des filières intermittentes (éolien et photovoltaïque).
Rappelons par ailleurs que près de 71% de la production d’électricité d’origine renouvelable dans le monde reposait encore sur l’hydroélectricité en 2015.
Une hausse de 42% des capacités renouvelables d’ici à 2021 ?
Dans son nouveau rapport, l’AIE envisage une hausse de 42% des capacités électriques renouvelables installées dans le monde d’ici à 2021, soit une augmentation de 825 GW sur cette période. Près des trois quarts de ces nouvelles capacités pourraient, selon les projections de l’AIE, provenir de l’installation d’éoliennes terrestres et de panneaux photovoltaïques. Concrètement, cela impliquerait d’installer 2,5 éoliennes et près de 30 000 panneaux solaires par heure dans le monde au cours des 5 prochaines années.
L’AIE a relevé de 13% ses projections de développement des EnR par rapport à l’an dernier, en raison des baisses de coûts(2) et de l’environnement favorable aux énergies renouvelables dans plusieurs grands pays. Des crédits d’impôts portant sur l’investissement et la production d’électricité renouvelable ont notamment été prolongés aux États-Unis tandis que la Chine a renforcé ses objectifs « renouvelables » dans son 13e plan économique.
Précisons que la Chine est et restera dans les prochaines années le géant mondial en matière d’électricité renouvelable. Plus de 40% des nouvelles capacités électriques renouvelables d’ici à 2021 devraient être installées dans ce pays pour qui l’intégration au réseau de ces futures unités de production constituera un vrai défi (compte tenu des surcapacités attendues avec les nouvelles centrales nucléaires ou à charbon construites dans le même temps).
Au total, la part des énergies renouvelables dans la production mondiale d’électricité pourrait passer de 23% en 2015 à presque 28% en 2021 selon l’AIE. Parallèlement, la croissance de la demande d’électricité devrait se ralentir dans les pays développés, compte tenu des gains d’efficacité énergétique et du caractère moins énergivore de l’économie mondiale.
La production mondiale d’électricité d’origine renouvelable s'est élevée à 5 560 TWh en 2015, soit à près de 23% de la production électrique totale cette année-là. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Et pour la chaleur et les transports ?
L’AIE rappelle dans son rapport que les énergies renouvelables présentent un bilan flatteur en matière de production d’électricité. Dans le transport routier, les biocarburants ne couvrent en revanche encore que 3% de la consommation d’énergie. Dans un contexte de prix bas du pétrole, leur part devrait faiblement croître et atteindre 4% à l’horizon 2021.
En matière de production de chaleur, l’AIE envisage également une prépondérance durable des énergies fossiles. Les énergies renouvelables (hors biomasse traditionnelle) pourraient voir leur part dans la consommation d’énergie finale de chaleur s’élever faiblement, d’environ 9% en 2015 à un peu plus de 10% en 2021. Les politiques de développement des énergies renouvelables restent bien moins fréquentes dans ce secteur que pour la production d’électricité, malgré des mesures variées mises en œuvre dans les bâtiments.
Pour atteindre les objectifs de la COP21, l’AIE indique qu’une pénétration plus marquée des énergies renouvelables reste encore nécessaire dans l’ensemble des secteurs précédemment évoqués (électricité, chaleur et transports). Seuls les taux de croissance de l’éolien terrestre et du solaire photovoltaïque s’inscrivent selon l’Agence internationale « sur la trajectoire » des 2°C de réchauffement à l’horizon 2100.
Évolution des énergies renouvelables dans différents secteurs (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)