Le médiateur national de l’énergie est connu par 31% des répondants à son enquête annuel sur les marchés de détail de l’énergie. (©Pixabay)
Les pratiques commerciales agressives des acteurs des marchés de l'électricité et du gaz naturel ont un « impact négatif sur l’image du secteur », constate le médiateur national de l’énergie dans son baromètre Energie-Info 2019 publié le 5 novembre(1).
Les Français ont compris que « le marché est ouvert »
En 2019, 87% des Français interrogés dans le cadre du baromètre Energie-Info(2) savent qu’il est possible de changer de fournisseur d’électricité et de gaz. Moins d’une personne sur dix déclare ne pas « pouvoir changer » de fournisseur (9% pour l’électricité, 8% pour le gaz), le reste des répondants indiquant « ne pas savoir ».
Les Français se sentent en majorité « bien informés » de l’ouverture des marchés à la concurrence et ils changent plus fréquemment de fournisseur d’énergie(3), invoquant le prix comme principale motivation. Leur connaissance des différents fournisseurs est ainsi en nette augmentation (74% arrivent désormais à citer au moins un autre fournisseur d’électricité que le leur), en particulier chez les jeunes.
Mais les connaissances des Français sur le fonctionnement des marchés de détail de l'énergie restent approximatives. Le médiateur souligne en particulier que « certaines idées reçues ont la vie dure » : 18% des Français pensent à tort que changer de fournisseur est payant et 13% que cette décision entraîne un risque de coupure. Il est par ailleurs indiqué que 42% des répondants croient encore que l’ensemble des fournisseurs proposent des tarifs réglementés.
Pour rappel, tous les ménages français ont la possibilité de choisir, depuis juillet 2007, entre les tarifs réglementés proposés par les seuls fournisseurs « historiques » (principalement EDF pour l’électricité et Engie pour le gaz mais aussi les « ELD » implantées localement) et des offres « de marché » dont le prix est librement fixé par contrat (parfois indexées sur les tarifs réglementés avec un rabais) auprès du fournisseur de leur choix (historique ou « alternatif »).
Une confiance dégradée dans le marché
Le médiateur de l’énergie constate que les Français ont, malgré leurs meilleures connaissances, moins confiance dans le marché : 60% sont favorables à l’ouverture du marché, contre 65% en 2018 et 70% en 2015. Les consommateurs sont sceptiques sur la meilleure qualité qu’ils peuvent attendre de l’ouverture à la concurrence, mais aussi sur l’intérêt financier de changer de fournisseur : « pour la première fois en 13 ans, ceux qui pensent que l’ouverture conduit à une hausse des prix sont aussi nombreux que ceux qui pensent qu’elle entraîne une baisse des prix (22%) », indique le baromètre Energie-Info.
Pour Jacques Percebois, professeur émérite à l’Université de Montpellier, cette situation est liée à une méconnaissance par les Français de la structure des prix ainsi qu'à l’augmentation des prix de l’électricité depuis une décennie. Il rappelle que cette dernière est due « principalement à l'augmentation des taxes (pour financer le développement des EnR) et un peu au coût des réseaux ». Deux cas pour lesquels l'ouverture à la concurrence n’est pas en cause.
Pour expliquer la plus grande méfiance des consommateurs, le médiateur de l’énergie met en cause « des pratiques commerciales contestables » de nombreux fournisseurs d’énergie. En 2019, 61% des ménages déclarent avoir été sollicités pour souscrire à une offre de fourniture d’électricité ou de gaz naturel (contre 56% en 2018 et… 36% en 2017). Les Français sont également très sollicités pour des travaux d’isolation de leurs logements ou pour l’installation de « matériel fonctionnant avec des énergies renouvelables ». Ces différentes sollicitations se font « essentiellement par téléphone » et les ménages se sentent de plus en plus « harcelés »(4).
Les dépenses énergétiques représentent toujours « une part importante des dépenses pour 63% des foyers », rappelle le médiateur qui juge « préoccupante » la précarité énergétique (en 2019, « un tiers des ménages a restreint le chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées, et un foyer sur dix rencontre des difficultés pour payer certaines factures d’électricité ou de gaz naturel »).
Précisons par ailleurs que les consommateurs sont « mitigés » face à l’installation de compteurs communicants (la moitié des ménages est favorable à leur installation et l’autre moitié y est défavorable) et sont davantage intéressés par des offres d’électricité « verte » (même si seulement 12% sont prêts à y souscrire lorsque celles-ci sont plus chères que les offres traditionnelles).
Selon le Baromètre Energie-Info 2019, 34% des répondants savent qu’il est possible de changer de fournisseur mais ne le souhaitent pas. (©Connaissance des Énergies, d'après Médiateur de l'énergie)